261 - Général à vendre
C'est une blague.
J'ai voulu installer mon ordinateur dans le labo provisoire. Groooosse erreur.
D'abord, il n'y avait personne. Ca m'a rendue méfiante. La salle où travaillent deux labos de recherche devrait avoir au moins quelqu'un à deux heures de l'après-midi.
Ensuite, il y avait un canapé énorme. Oui, un canapé. A. Freaking. Sofa.
Et puis, un fouillis innomable. Des boîtes, empilées. Des unités centrales les unes sur les autres, en équilibre instable. Des écrans partout. L'horloge murale ne marche pas.
Il est alors apparu évident qu'il n'y a pas le compte de tables ni de chaises dans ce labo. Ni de prises électriques. Ni de prises éthernet.
J'ai trouvé mon ordinateur, caché sous un autre. Mon écran, en haut d'un placard. Mon unique carton de déménagement, même pas plein, contenant deux claviers, deux souris, un certain nombre de câbles divers, quelques stylos et blocs de papier, une boîte de mouchoirs et mon tapis de souris à rayures, sous deux cartons de livres ou de papiers (à moins que ce n'ait été directement du plomb coulé).
Je n'ai pas trouvé d'endroit où installer ma machine. Pas d'espace libre sur une table, pas de prise disponible.
De toute façon, je ne savais pas sur quoi monter pour récupérer mon écran.
J'ai éteint la lumière et je suis partie.
J'ai traversé le parc, acheté un roman policier [1], un bouquet de fleurs, des scones à la myrtille et du jus de grenade en l'honneur de mes vingt-deux ans.
Demain, il sera bien assez temps de me plaindre.
[1] With No One As Witness, Elizabeth George. J'aime bien lire Elizabeth George. Ses bouquins ne sont pas de la haute littérature, mais ses personnages ne sont jamais aussi caricaturaux qu'il y paraît et elle réalise une analyse de société relativement fine. Et puis elle commet des pavés, ça me dure un peu. Parce que les polars, sinon, je dévore.