236 - Chuis nulle en cinéma
Robert Altman, pour moi, c'était MASH, et surtout Gosford Park. Les deux seuls que j'aie vu, je crois bien.
Gosford Park, je l'ai vu seule dans une petite salle du sixième arrondissement, à une scéance moitié prix du dimanche matin dix heures, après en avoir étudié une critique en cours d'anglais. Il y avait trois autres spectateurs dans la salle, un couple et un vieux monsieur. C'était pendant mes concours, un dimanche gris et pluvieux sur Paris, la seule chose que je m'étais autorisée pour sortir un peu la tête de l'eau. Tout y sonnait tellement juste, tellement écoeurant, tellement au-delà de mes petits soucis d'étudiante à l'horizon restreint par un concours... voir ce film m'a aidé à me recaler dans la réalité, à prendre conscience de toutes ses dimensions, à relativiser mes emmerdes. Gosford Park a réveillé la révolte qui s'endormait en moi.
Quand à MASH, j'en retiens surtout Suicide is Painless (et puis, plus tard, Ahmad Jamal et Bill Evans...).
Le tout prouvant à qui en doutait encore que je suis nulle en cinéma. Mes films « cultes », comme mes livres favoris ou les chansons qui me tiennent à coeur, sont tombés à pic au bon moment, avec les bonnes personnes, dans le bon état d'esprit. Alors si vous avez trouvé Gosford Park pâlot, ou que vous tenez un autre film d'Altman comme son chef d'oeuvre, je n'irai pas vous contredire. J'ai un ex-futur cinéaste à ma disposition, et croyez-moi, les analyses sans passion de ceux qui s'y connaissent, ça m'ennuie.
Tout ça pour dire que quand j'ai appris (chez Chroniques Blondes, d'ailleurs, tellement je suis à la page) que Robert Altman était mort, j'ai eu comme un petit pincement au coeur, comme si c'était lui en personne qui m'avait secouée plutôt que son film.